La préservation de la nature et notamment des océans est un enjeu qui nous touche particulièrement. Trop de plastique finit dans les océans, s’immisce dans la chaîne alimentaire. Nous avons engagé une démarche zéro plastique depuis le démarrage de GreenMa. Nous utilisons uniquement des bocaux en verre et des recharges en papier kraft 100% papier pour recharger les bocaux de thé et d’infusions.
C’est pour sensibiliser que nous vous proposons une série d’interviews de personnes inspirantes et engagées dans cette démarche zéro plastique et de préservation des océans.
Ce quatrième et dernier interview est dédié à Antoine, un membre très actif de l’association The SeaCleaners. Il est community et content manager au sein de l’association, et essaye au quotidien de changer les choses. Nous sommes ravis de partager ses réponses avec vous !
Présentez-nous votre parcours et votre engagement pour les océans.
Je m’appelle Antoine, je fais partie et suis community manager/content manager de l’association The SeaCleaners depuis octobre 2018. Mon rôle est de faire connaître à l’extérieur ce qui se passe à l’intérieur. Pour faire simple, je m’occupe de communiquer sur les projets de l’association, les actualités sur le plastique, la pollution, les océans, les décisions environnementales, etc.
Je me suis engagé auprès de cette association car je voulais faire partie d’un projet ayant du sens et en cohésion avec mes valeurs. Ce qui m’a également plu, c’est le fait qu’il fallait tout faire car c’était les débuts de l’association. Je suis en mode “couteau-suisse” et c’était vraiment enrichissant.
The SeaCleaners c’est quoi ? C’est le projet MANTA qui sera un bateau collectant les déchets plastique présents dans nos océans. Un navire capable de collecter 10 000 tonnes de macro-déchets plastiques par an. Ce n’est pas que cela, il y a aussi de la recherche scientifique qui se cache derrière nos projets. Nous essayons également de participer au développement de l’économie circulaire, notamment en incitant les gens à réduire leurs déchets, ne plus être dans une société d’usage unique, bien réfléchir à l’acte d’achat. Enfin, il y a un réel travail d’éducation et de sensibilisation. Aujourd’hui, The SeaCleaners a pu sensibiliser 1 500 enfants à la préservation des océans, grâce à des ateliers, des animations ou des conférences.
Au total, c’est près d’une vingtaine de collaborateurs qui participent aux projets : scientifiques, ingénieurs, techniciens, chargé communication, chargé événementiel, etc.
L’association est basée en Bretagne et nous avons également des bureaux à Paris et en Suisse. Prochainement, nous aimerions beaucoup pouvoir agir en Asie et aux USA, là où il y a le plus de pollution. En effet, il ne faut pas oublier que c’est un problème mondial et que tous les pays et états doivent faire quelque chose.
The SeaCleaners a également été accréditée auprès de l’ONU Environnement comme Observateur parmi les Grands Groupes (Major Groups) de la région Europe. Cela consiste à intervenir et porter la voix de la pollution plastique.
Nous collaborons aussi avec la Fondation Prince Albert II de Monaco qui œuvre pour la protection de l’environnement et la promotion du développement durable à l’échelle mondiale.
Nous ne voulons pas non plus nous proclamer comme la solution ultime. L’objectif se veut d’être fédérateur, dans le construction collective et de répandre une certaine ouverture d’esprit.
Quel à été votre déclic, qu’est ce qui vous a fait passer du côté engagé ?
J’ai 37 ans et j’ai une compagne ultra engagée car elle a fait des études juridiques environnementales. Ça a posé les bases.
Et il y a 10 ou 12 ans, j’ai eu la chance de regarder le film “Une vérité qui dérange” de Davis Guggenheim qui a été un véritable déclic pour le coup. Je pense aussi au documentaire “Into Eternity” de Michael Madsen sur l’enfouissement des déchets radioactifs en Finlande.
Il y aussi le fait que j’habites à Nantes proche de la Bretagne, donc tout près de l’océan Atlantique. Je fais du bateau le week-end, ce qui me permet d’apprécier l’océan et sa beauté.
Le projet Manta me parlait, il était innovant et attisait ma curiosité. L’aspect associatif était aussi un élément important dans mon engagement, je voulais m’inclure dans un projet ayant du sens et des valeurs.
Sans oublier Yvan Bourgnon qui est le président et fondateur de The SeaCleaners. C’est un homme qui m’impressionne par son énergie et sa motivation. Il n’arrête jamais, c’est une vraie machine de guerre. Il est très inspirant et nous motive réellement.
Comment et à quel point, avez-vous changé votre mode de consommation vers un modèle plus durable ?
J’achète en vrac, je consomme des fruits et légumes bio, locaux et de saison. J’essaie de faire du covoiturage au maximum et je me suis déjà essayé au compost mais c’était un peu compliqué. Il faudrait que je me renseigne auprès de la ville de Nantes pour mettre en place un système de compost en commun.
Après, j’ai la chance d’habiter à Nantes qui est une ville assez ouverte et qui propose pas mal de choses pour changer son quotidien.
Sinon, je valorise mes déchets de cuisine, je trie mes déchets bien entendu. J’ai d’ailleurs déjà pu visiter un centre de tri et ce que je peux dire c’est que ça ouvre les yeux et ça permet de toucher le problème du doigt. J’ai diminué ma consommation de viande et en ce qui concerne les produits électroniques, je privilégie ceux reconditionnés. Ils sont aussi efficaces, beaucoup moins chers et surtout permettent une seconde vie.
Que pensez-vous de la phrase “consommer c’est voter” ?
Je suis d’accord avec cette phrase dans le sens où un acte de consommation peut avoir un poids dans les décisions industrielles voire d’état.
Les gens ne se rendent pas compte, on est tous prisonnier du système. Finalement on achète et on consomme ce que l’on nous offre. Après nous sommes libres de refuser le plastique par exemple.
Comment qualifieriez-vous le phénomène des déchets plastiques en mer ? A quel point vous semble-t-il important ?
Je ne suis pas toujours confronté aux déchets marins car en Bretagne la pollution est minime et je ne m’aventure pas à explorer les fonds marins car je ne suis pas très à l’aise sous l’eau. Cependant, nous le savons tous, il y a énormément de déchets plastiques qui se trouvent dans nos océans.
S’il faut donner un seul chiffre pour se rendre compte des choses, il faut savoir que 250 kg de plastique arrive dans les océans par seconde. C’est énorme !
Antoine – The SeaCleaners
Beaucoup d’animaux meurent à cause du plastique, aussi bien les dauphins, les tortues ou mêmes des oiseaux. Les animaux ne sont pas les seuls concernés, car si on arrive à respirer sur terre c’est 50% grâce à l’oxygène de l’océan. Cela touche l’espèce humaine également.
On respire, on mange et on “expulse” du plastique. Il est présent dans toutes nos actions. On parle même de l’équivalent d’une carte de crédit (soit environ 250 grammes de plastique) ingéré par semaine. À savoir aussi que la décomposition du plastique libère des gaz à effet de serre, il y a un lien direct entre pollution plastique et réchauffement climatique.
Pensez-vous que la société ait conscience des réels impacts de la consommation et de la pollution des déchets plastiques ?
NON ! Déjà parce que ce problème semble “loin”, ça ne se voit pas alors on ne s’en rend pas compte et les conséquences des déchets plastiques sont parfois méconnues.
C’est dans l’inconscient collectif, la plage est source de beauté, jolie, synonyme de bon temps et de vacances. Il n’y a malheureusement pas assez de prise de conscience et on ne s’y intéresse pas assez, alors qu’on est tous au courant de l’urgence de cet enjeu.
Hormis Donald Trump, qui ne sait pas qu’il faut sauver la planète ?
Quels sont vos conseils pour éveiller davantage les consciences face à cette urgence d’agir ?
Ce que je conseillerais à tous : allez visiter une déchetterie ou un centre de tri pour prendre conscience de la quantité de déchets que nous laissons derrière nous.
Il y a aussi le site internet de The SeaCleaners qui est très bien fait et qui permet de se renseigner. Il y a un véritable aspect pédagogique et surtout une FAQ (foire aux questions) qui répond à toutes vos interrogations.
Pour vraiment prendre part et s’engager, il n’y a rien de tel que de devenir bénévole au sein d’une association pour la protection des océans et participer à des récoltes de déchets par exemple.
Bien-sûr instruisez-vous, regardez des documentaires et des films, lisez des articles et des livres, entourez-vous des bonnes personnes, allez à des événements (comme La Mer XXL), collectez des déchets quand vous pouvez (l’application Run Eco Team) et posez-vous les bonnes questions ! Le meilleur des déchets est finalement celui que l’on ne produit pas !
Avec l’association, nous voulons être positif en faisant passer le message qu’il n’est pas trop tard. On préfère répandre un message d’espoir plutôt que de mettre en avant les aspects négatifs.
Que pensez vous de la politique environnementale actuelle en France au niveau de la gestion des déchets plastiques ?
Avec The SeaCleaners on veut être apolitique. C’est un projet global et sociétal, c’est pour cela que l’on ne préfère pas trop aller sur le sujet de la politique.
Après, nous sommes d’accord pour dire que le législateur a son rôle à jouer car il peut interdire quelque chose ou faire passer des lois. Il est un acteur non négligeable.
D’un point de vue un peu plus personnel, je suis déçu de la lenteur administrative et du poids des lobbies. Ça ne va pas assez vite et surtout il n’y pas assez d’ambition ! On devrait plutôt raisonner sur du long terme. Surtout que la France a un véritable rôle à jouer en tant que 2ème plus grande zone économique maritime après les USA !
Si on prend l’exemple de l’Allemagne, j’aime beaucoup l’idée des bouteilles consignées. C’est pratique, écologique et économique.
Quels livres, sites, comptes Instagram vous inspirent ?
Concernant mes lectures, j’ai beaucoup apprécié deux livres :
- La mer est l’avenir de la France – Jean Marie Biette
- Semeur d’espoirs – Pierre Rabhi
Je suis certains comptes instagram, notamment :
- @natgeo
- @bbcearth
Enfin, concernant les films, deux m’ont marqué :
- Demain de Cyril Dion
- A Plastic Ocean de Craig Leeson
Quelles sont vos prochaines étapes, vos prochains évènements ?
Nous serons très prochainement, du 2 au 10 août, au festival interceltique de Lorient et au salon Nautic à Paris. Le 21 septembre, il y a le World Clean Up Day. Pour ceux qui ne connaissent pas c’est la journée mondiale dédiée au ramassage de déchets. J’invite tout le monde à y participer ou du moins à ramasser des déchets quand on en voit. Ça ne prend que quelques secondes mais ça change beaucoup de choses.
Nous avons eu l’honneur de signer un partenariat de cinq ans avec Allianz Global Investors qui nous accompagne sur le projet Manta afin de lutter contre la pollution des océans par le plastique.
Sinon, la prochaine étape est de tester, courant fin d’année 2019, notre prototype du système de collecte qui est actuellement en phase de construction. L’objectif est également de se développer à l’international.
Nous recrutons des personnes pour l’association et évidemment des bénévoles !
Un dernier mot pour la fin ?
Notre slogan est “il est temps d’agir”. Ce qui veut tout dire.
L’espoir existe encore et c’est de notre responsabilité pour les générations futures de faire quelque chose. Il ne faut pas passer à côté.
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Petite participation artistique en lien avec votre article , dessinatrice, je viens de réaliser une série sur la pollution des océans à partir de photographies de particules de plastiques trouvées sur des plages et des rivières aux quatre coins du monde ! Prenez le temps de découvrir ces dessins ⬇️
https://1011-art.blogspot.com/p/ordre-du-monde.html