CLAIRE : GREEN THERAPY

CLAIRE : GREEN THERAPY

Quand j’ai reçu le mail de Claire suite à l’appel à candidature pour les héroïnes green, son mail m’a beaucoup touché. Cet appel aux témoignages pour une vie plus green faisait écho à sa nouvelle vie et ses préoccupations. Pour vous planter le décor, Claire a quitté Toulouse pour s’installer à la campagne dans un village. Un retour à la terre après des années de vie citadine. “Le choix d’une vie plus proche de la nature. Une quête de sens et de réappropriation du temps, un besoin d’expérimenter un mode de vie plus simple”

Elle vous raconte son cheminement, comment elle se ressource auprès de la Nature qu’elle a redécouvert.

Attention super article documenté et écrit avec beaucoup d’authenticité… nos héroïnes sont plus inspirantes les unes que les autres ! Que j’aime ce mois des héroïnes!

CLAIRE – HÉROÏNE GREEN #18

Je m’appelle Claire, j’ai 36 ans, je suis artisan papetière, mais aussi apprenti jardinière, néo-rurale et amoureuse.
Dans mon atelier, j’imagine et fabrique de la papeterie sur-mesure et en petites séries. Mon métier consiste à créer, avec du fil et du papier, des objets uniques pour accompagner les beaux moments de la vie des autres.

Citadine pendant 34 ans, j’habite depuis 2 ans dans un village de 40 habitants au coeur des montagnes des Corbières avec mon beau brun, paysan tisanier en cours d’installation.

J’ai fait le choix d’une nouvelle vie plus proche de la nature, plus éloignée d’un monde devenu un peu trop fou pour moi. Une quête de sens et de réappropriation du temps, un besoin d’expérimenter un mode de vie plus simple qui m’est devenu essentiel pour être en cohérence avec mes convictions et mes envies.

Une évolution plutôt qu’un déclic

Ma prise de conscience écologique s’est construite petit à petit, depuis mon adolescence je pense.

J’ai lu beaucoup d’essais d’économie, regardé des documentaires, et j’ai acquis la conviction que notre mode de vie occidental n’est pas viable, qu’il est excluant d’une grande partie des humains sur la planète et qu’il s’attaque à notre maison à tous, notre planète, et aux autres êtres vivants qui la peuplent.

Mon engagement s’est construit autour de lectures, de mobilisations militantes et de la transformation progressive de ma façon de consommer.
J’ai réfléchi à mon impact social et environnemental, ce qui m’a amenée à boycotter certaines marques en faisant mes courses puis à délaisser les grandes surfaces pour privilégier les filières bio et les circuits courts paysans (AMAP, jardins de cocagnes), à acheter les fruits et légumes à la bonne saison et à privilégier le vrac pour réduire mes déchets.

Acheter à un prix juste et donc à acheter moins, moins de viande, moins de produits transformés, moins de vêtements et de cosmétiques, mais aussi soutenir les artisans et la production locale.  On a un vrai pouvoir d’action en modifiant notre façon de consommer, il faut s’en saisir !

Lorsqu’on s’informe et qu’on prend conscience de l’état de notre planète et sur la course folle de l’humanité aujourd’hui, il y a de grands moments de découragements et je pense que c’est normal.

Il nous faut voir les choses en face, on ne pourra plus dire aux générations futures qu’on ne savait pas et je suis intimement convaincue qu’on est déjà dans le précipice et que les années et décennies à venir vont être difficiles.

Mais cela ne doit pas nous empêcher de changer, d’inventer des solutions, parce que c’est la seule manière de construire un monde meilleur !

Il y a plein d’initiatives partout et on commence à entendre qu’il est possible de “faire autrement”, pour l’alimentation, les cosmétiques, les produits ménagers, les vêtements, l’habitat, l’énergie, etc. La situation est grave mais les actions individuelles et collectives éloignent l’aigreur et la déprime. En agissant on se fait du bien et on renforce notre enthousiasme et notre gaieté !

Il y a deux ans j’ai ressenti le besoin d’aller plus loin dans la transformation de mon mode de vie.

Un besoin vital de plus de cohérence, d’être dans le faire plus que dans l’étude et l’analyse. L’envie d’oser vivre autrement et de choisir un autre chemin. De vivre avec de très faibles ressources non pas dans une précarité subie, mais dans une simplicité choisie et joyeuse. De retrouver ma légèreté et mon enthousiasme !

J’ai donc écouté cette envie de m’extraire de la ville, autant pour retrouver la nature que pour m’éloigner du monde, retrouver la vraie valeur des choses et du temps, requalifier le nécessaire de l’accessoire. Du moins ce que cela représente pour moi.

Un mode de vie choisi

Voilà comment en mars 2017, nous avons quitté Toulouse pour un tout petit village de 40 habitants au creux des montagnes des Corbières, contrefort des Pyrénées dans l’Aude.

Nous y avons travaillé la terre pour mettre en place notre potager vivrier, nous avons planté nos premiers pommiers en pensant à demain, nous avons installé nos trois poules. On apprend en faisant, on potasse toujours des livres, de permaculture principalement, on regarde quelques tutos en ligne, mais on fait surtout les expériences sur place.

Ici on est à une heure de tout magasin, mais il y a le petit marché de producteurs à 20 minutes et la chevrière qui passe le samedi matin. On fabrique le pain et les yaourts, on achète en vrac de grandes quantités de céréales et légumineuses. On apprivoise le compost, on fait des conserves et des confitures pour l’automne et l’hiver. On réapprend les saisons, à être attentif à ne pas louper le moment de récolte des noix, du tilleul ou de l’ail des ours. On fait attention au niveau de la rivière et à l’état de la forêt. On apprend tous les jours, et chaque jour grandit l’envie d’aller plus loin, d’être plus autonome.

Le beau brun qui partage ma vie, William, a quitté son métier dans l’informatique avant notre arrivée avec la volonté de s’investir dans une activité plus proche de ses valeurs. C’est en découvrant le jardinage, au fil des rencontres et des partages avec les habitants, les paysans et les associations de la région, que son intérêt pour les plantes s’est petit à petit transformé en projet d’installation de producteur cueilleur de plantes aromatiques et médicinales. Une première année de travaux, d’investissements, parfois de difficultés et de doutes mais magnifiquement comblée par la beauté des petites feuilles qui s’épanouissent depuis cet été sur notre terrain.

Dans notre vie aujourd’hui, il n’y a pas vraiment de temps de travail et de temps de repos, il y a une alternance de moments nécessaires à notre équilibre : le travail au potager pour nous nourrir, le travail dans mon atelier et au champ pour gagner l’argent nécessaire à nos besoins, le temps associatif pour organiser des moments festifs, les temps de balades pour découvrir et cueillir, les temps de discussions pour construire l’avenir…

Pour nous le vrai luxe est de choisir notre façon de vivre et de pouvoir le faire dans un environnement  où la nature est sauvage et préservée. Un îlot qui donne envie de partager la beauté de la nature et de la protéger.

“Hâte-toi hâte-toi de transmettre ta part de merveilleux, de rébellion, de bienfaisance “ René Char

(Voilà pourquoi j’ai eu envie de répondre à ton appel Cécile ! ^^)

Du bitume à la terre

Il est une chose de sauter le pas, il en est une autre de vivre au quotidien différemment. Et pour être tout à fait franche je ne pensais pas me détacher de la ville si rapidement, j’avais un peu peur de manquer de sollicitations et de découvertes culturelles, peur de perdre cet anonymat que permet la foule de la ville.

J’ai été très surprise de la rapidité avec laquelle ma perception sensorielle a changé, les odeurs, le silence, les sons, la lumière. Et encore plus surprise du bien-être que m’apporte la nature et à quel point mes priorités ont évoluées.

J’ai compris qu’on peut tirer une grande force de la nature, et qu’il suffit pour cela d’y être attentif, de prendre le temps de marcher, d’observer, d’apprendre à reconnaître ce qu’elle nous offre.

Prendre le temps d’être au contact des arbres et des plantes est une formidable source d’énergie et de bien être.

Avoir envie de protéger la nature passe peut-être avant tout par sa (re)découverte !

Observer les cycles des saisons et des plantes, voir quand il y a un soucis pour pouvoir ensuite agir à son échelle.

Se balader en étant attentif à ce qui nous entoure, c’est apprendre à reconnaître un arbre, une fleur et découvrir ses caractéristiques et ses bienfaits, prendre soin en ramassant le déchet qu’on croise sur le chemin, se sentir privilégié en observant un vol de rapace ou en tombant nez à nez avec un insecte inconnu.

Même si tout le monde n’habite pas en pleine nature, chacun peut se ménager des moments de balade, de reconnexion (et de déconnexion à notre smartphone et nos to do list par la même occasion). Une marche en forêt, un pique-nique sous un arbre, une soirée à observer les étoiles, une balade botanique ou pour commencer, juste enlever ses chaussures et poser ses pieds nus sur l’herbe !

S’offrir ce luxe de ne rien faire à part marcher, écouter, sentir, toucher !

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. Pour se donner des clés en botanique : Tela botanica et son mooc d’initiation

. Pour s’offrir une nuit étoilée cet été : Les nuits des étoiles

. Pour partager une balade et apprendre à plusieurs, il y a plein d’associations qui organisent des sorties pour découvrir faune et flore ! N’hésitez pas à consulter le programme du jardin des plantes près de chez vous si il y en a un.

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Cueillir

Marcher en pleine nature permet à chacun de se ressourcer, et petit à petit on apprend à reconnaître les nombreux cadeaux que ces balades peuvent offrir. Il y a les jolis cailloux ou galets qu’on glisse dans sa poche, le mini glands qu’on trouve trop joli, mais il y a tant d’autres merveilles !

Les asperges sauvages et l’ail des ours (miam le pesto) au tout début du printemps.

Pour les plus téméraires il y aussi la récolte d’ortie très utile en préparation pour le jardin, mais aussi délicieux en quiche ou en cake.

La fleur de thym en juin pour assaisonner vos plats et pour des tisanes, sans oublier la récolte des fleurs de tilleul… On pourrait parler des salades sauvages, du plantain, du pourpier et du nombril de vénus !

La cueillette sauvage est un formidable moyen de créer un lien avec la nature et de se rendre compte de qu’elle nous offre.

Il y a bien entendu quelques règles pour la cueillette sauvage :

    • Il faut faire attention à cueillir dans un endroit aussi éloigné que possible d’une route, où d’une zone susceptible d’être traitée par des produits chimiques. L’idéal est de prélever un peu en hauteur pour limiter le contact avec les déjections animales, mais c’est loin d’être tout le temps possible. Vous pouvez laver votre récolte avec de l’eau vinaigrée qui tuera les parasites.

    • Une fois que vous avez identifié de manière certaine la plante, veillez à ne pas trop prélever et même à s’abstenir si les plants sont chétifs ou trop peu nombreux.

  • Prélevez avec modération ! ne cueillez que ce dont vous avez besoin et en cas de surplus pensez à en offrir aux voisins pour ne pas gâcher

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Pour aller un peu plus loin dans le connaissance des plantes sauvages et de leurs bienfaits :

. Les vidéos de Christophe Bernard

Des livres :

. THEVENIN, Thierry. Les plantes sauvages, connaître, cueillir et utiliser. Ed. Lucien Souny, 2012.

. La collection : Les indispensables Delachaux (450 fleurs, 350 arbres et arbustes, 350 plantes médicinales, 300 plantes comestibles)

Mon livre chouchou, un témoignage d’une femme, biologiste de formation qui décide de changer de vie et de partir habiter loin de la ville :

. HUBBEL, Sue. Une année à la campagne. Gallimard, 1994.

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Chéri il faudrait lancer une lessive,  je vais cueillir du lierre !

Depuis deux ans, nous lavons le linge avec de la lessive au lierre, et on en est très content !

En effet, le lierre contient de la saponine, une substance qui mousse et qui est détergente qu’on va extraire des feuilles (qui contiennent 5 à 8% de saponine).

Voilà la marche à suivre :

    • Au cours d’une balade ramassez 150 feuilles de lierre (À savoir : les baies du lierre sont toxiques pour l’homme et il arrive que sa sève cause des irritations cutanées. Cela ne m’est jamais arrivé mais portez des gants lors de votre cueillette si vous avez la peau sensible !)

    • De retour dans votre cuisine, froissez les feuilles et couvrez les d’un peu plus de 3 litres d’eau, dans une marmite

    • Portez à ébullition et laissez bouillir pendant 15 – 20 minutes.

    • Couvrez le mélange et laissez le reposer pendant une nuit.

  • Vous pouvez filtrer en prenant soin de bien presser les feuilles et mettre en bouteille vos 3 litres de lessives !

    • Si vous le souhaitez vous pouvez ajouter un peu d’hydrolat de lavande ou quelques gouttes d’huile essentielle pour parfumer (orange, lavande…)

    • Pour remplacer votre adoucissant vous pouvez mettre du vinaigre blanc (dans le compartiment prévu)

    • Si vraiment vous avez un linge taché vous pouvez frotter un peu la tache avec du savon de marseille avant de mettre en machine.

  • Après usage, nettoyez bien les ustensiles employés et mettre les feuilles au compost !

Une recette toute simple, efficace, 0 déchet et gratuite si vous n’ajoutez pas d’huile essentielle !

Claire – @la.cle.du.herisson

https://www.lacleduherisson.fr/

“ Il faut être prêt à se débarrasser de la vie qu’on a prévue pour avoir la vie qui nous attend.
Joseph Campbell

Inspirant cette histoire de vie, non ?!

Et vous, comment vous ressourcez vous auprès de la nature ?

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