LES CONSEILS DE CAMILLE POUR UN DRESSING PLUS RESPONSABLE

LES CONSEILS DE CAMILLE POUR UN DRESSING PLUS RESPONSABLE

J’ai contacté Camille de Camille Green Eyes. Quand je l’ai interviewée, j’ai d’abord été très surprise par son jeune âge (33 ans) car Camille fait office pour moi de personne engagée depuis très longtemps. Et j’ai mieux compris ce sentiment car Camille est végétarienne depuis ses 13 ans ! Camille fait partie de ces personnes qui préfèrent avoir les yeux grands ouverts et qui aiment acheter en toute conscience. J’ai adoré l’interviewer.

Découvrez son regard, son parcours et ses astuces pour un dressing responsable.

https://www.instagram.com/p/Bbbk1xBjJjN/

CAMILLE HÉROÏNE GREEN #12

  • Qui es tu ? Que fais tu dans la vie ?

Je m’appelle Camille, j’ai 33 ans et j’habite Paris. Après avoir passé plusieurs années aux services marketing de grandes entreprises dans le tourisme, j’ai décidé de quitter ces « bullshit » jobs en 2014 pour écrire ma propre histoire.

Mon quotidien se résumait à une succession de tâches pas spécialement intéressantes ni gratifiantes demandées par mon « N+12 » qui ne servaient finalement pas à grand chose et toujours avec une pression, sans conscience de l’intérêt général. Ce manque de sens devenait de plus en plus lourd à porter et finalement c’était assez déprimant à la longue. Alors je suis partie. J’ai fait un passage dans une association de commerce équitable puis j’ai lancé mon activité en 2017. J’ai rejoint la tête de l’agence de communication Greenstory afin d’utiliser tout ce que je savais faire pour accompagner des projets qui me tiennent à coeur dans le bio, le commerce équitable, la réinsertion de travailleurs en situation de handicap… des sujets qui ont du sens et qui me parlent. Il est très important pour moi d’être en cohérence au niveau personnel et professionnel.

  • Depuis quand as tu entamé une démarche green ? Quel a été le déclic ?

Selon moi, une démarche green commence par la conscience et le respect du vivant au niveau global : humain, animal et végétal.

Je suis devenue végétarienne très tôt, à l’âge de 13 ans. Ni mes parents ni mon entourage n’avait adopté ce mode d’alimentation : j’ai grandi en Alsace, le pays des knacki, autrement dit loin du paradis veggie. Un évènement a été le déclic de mon cheminement : un jour, très jeune (vers l’âge de 8 ou 10 ans) alors que j’étais malade, j’étais à la maison en train de regarder la télévision et je suis tombée sur un documentaire sur les abattoirs. Ca m’a vraiment choquée… comme tu peux l’imaginer. Dans mon village, des poules et des vaches vivaient au bout de ma rue et je ne pouvais pas supporter l’idée qu’ils pouvaient finir dans mon assiette. Pourquoi la vie d’une vache valait-elle moins que la nôtre ou celle de mon chat qui attirait toutes les caresses ? J’étais anti-spéciste avant l’heure ;-). Après négociation avec mes parents, à 13 ans, j’ai décidé que je mangerai plus jamais de viande.

La 2ème grande étape de mon cheminement a été mon changement de parcours professionnel, quand j’ai décidé de ne plus donner de temps à des entreprises qui ne correspondaient pas à mes valeurs. J’ai toujours eu un sens de la justice exacerbé et je ne supportais plus l’idée d’être un rouage d’un de ces grands groupes destructeurs.

De là ont suivi beaucoup de lectures, reportages… J’ai passé du temps à m’informer sur l’écologie. Des films comme Océans et Home m’ont marquée, le documentaire The True Cost sur la catastrophe du Rana Plazza au Bangladesh en 2013, les scandales de l’industrie alimentaire, les reportages sur le low cost, et puis il y a eu ce voyage en Inde qui m’a remis les idées en place.

Je me suis nourrie de tous ces voyants rouges qui me faisaient bouillonner intérieurement. À un moment donné, j’ai voulu tout plaquer pour créer une boulangerie alternative à base de blés anciens… Mais il aurait fallu que je reprenne une formation et que j’investisse une grosse somme d’argent. Alors j’ai décidé de me servir de ce que je savais faire et de le mettre au service de projets vertueux.

  • Comment s’applique t elle pour toi au quotidien ?

L’alimentation est mon premier combat. En plus d’être végétarienne, je consomme bio exclusivement et équitable pour les produits importés. Je fais un maximum de courses auprès de producteurs locaux, j’évite tous les plats préparés et je cuisine énormément. Le midi, j’apporte toujours mon bento pour éviter les déchets et les restos douteux. J’essaie également de convertir en douceur mon entourage : mon mec qui était un gros consommateur de viande est en train de changer petit à petit. Première victoire : il ne mange plus de « bébés animaux » (veaux, agneaux…) !

Niveau transports : je me déplace quasi quotidiennement à vélo dans Paris.

Concernant les cosmétiques, je suis très minimaliste : j’achète très peu de produits.

Pour la décoration, je privilégie la seconde main ou les créations artisanales.

Et évidemment il y a la mode. Les vêtements font partie des points essentiels sur lesquels j’ai opéré des changements ces dernières années.

  • La mode est la 2ème industrie la plus polluante. Tu écris sur ton blog ” il doit bien y avoir un moyen de se fagoter élégamment et proprement” .Quels sont tes 3 à 5 conseils pour un dressing “responsable” ? Quels choix vestimentaires avons-nous pour limiter notre impact sur la planète ?

Avant même de passer à l’acte de consommation, je pense qu’il faut « conscientiser » ce que l’on porte et éviter les achats d’impulsion. Je me demande à chaque fois : comment cet article a-t-il été fabriqué ? est ce qu’il me plait vraiment ? est ce qu’il va durer plusieurs années ? Cela demande de ne pas céder aux sirènes de la mode et de mieux se connaître, trouver son propre style, sélectionner ses vêtements avec soin, avoir de bons basiques de qualité.

Ensuite, le geste le plus fort selon moi est le BOYCOTT : ne pas passer la porte (ni l’url) d’enseignes de fast fashion comme Zara, Primark, New Look... Les conditions de travail, la pollution lors de la fabrication, le renouvellement 2 à 3 fois par mois des collections sont insupportables. La production de vêtements a doublé en 15 ans et seuls 30% des textiles sont recyclés. Les box de tri sont saturées, les associations croulent sous les vêtements et ne savent plus quoi en faire. Une partie est revendue en Afrique et cela détruit les emplois locaux. Ce système est complètement insensé…

Au delà du boycott, il ne faut pas hésiter à poser des questions à ces grands groupes, à les interroger sur les modes de production : ils se rendent bien compte que de plus en plus de consommateurs sont en attente de transparence et qu’ils vont devoir s’adapter.

Si on a besoin (ou envie) d’un nouveau vêtement, il vaut mieux se tourner vers des marques qui fabriquent en petites séries, en France, en Europe ou à l’étranger si les règles du commerce équitable sont respectées. Ou se tourner vers le seconde main, mais ce n’est pas toujours évident quand on travaille beaucoup car il faut du temps… Et cette denrée me manque à l’heure actuelle. Le secret est de ne pas chercher quelque chose de trop précis et de fonctionner à l’opportunité. Vinted est très pratique et il y aussi Etsy qui regorge de pièces vintage très sympas.

Le choix des matières est également important : privilégier des matières naturelles plutôt que des matières synthétiques car elles libèrent des milliers de microparticules lorsqu’on les lave… Le lin par exemple est encore cultivé dans le nord de la France et est peu gourmand en eau : un incontournable des vestiaires responsables.

Découvrez le témoignage très complet de Fanny paru hier à ce sujet.

Ensuite, évidemment, il faut bien entretenir ses vêtements pour les faire durer : d’abord en les lavant avec soin (espacer les lavages, faire des machines à 30°, éviter le sèche linge…) puis en les réparant au maximum. Par exemple, si une coupe ne me plaît plus, j’emmène la pièce chez la couturière et elle la refait selon mes goûts. En plus, cela  favorise l’emploi local.

Je ne m’érige pas comme modèle absolu mais il y a 2 règles auxquelles je ne déroge pas :

1/ ne plus rien acheter de chez Zara ou autre enseigne de Fast Fashion

2/ Je m’impose d’acheter des choses de bonne qualité qui vont durer.

  • On parle beaucoup du mouvement de la mode “vegan”. Arrêter le cuir pour les chaussures, maroquinerie semble parfois difficile, qu’en penses tu ?

Je ne suis pas vegan mais végétarienne en chemin vers le véganisme. Je privilégie les matériaux hyper durables. J’achète de plus en plus de cuir vegan qui ne bouge pas d’un poil pour des sacs ou chaussures : j’ai découvert des marques géniales que je vous partagerai plus loin.

Pour être précis, être vegan c’est ne consommer aucun produit issu de l’exploitation animation : cuir, laine, soie, plumes (attention aux doudounes ou les couettes / coussins qui sont fourrés de plumes issues d’oies plumées à vif), angora (même rengaine pour les lapins)… Quand on remonte la filière, ce sont des monstruosités qui sont infligées aux animaux.

Quand on est dans la démarche vegan, il est important je pense de s’orienter vers des marques labellisées. En premier lieu, parce que c’est la garantie qu’aucun animal n’a été maltraité ou victime de tests pendant la chaine de production. Mais aussi, parce que ces marques font le maximum pour réduire leur impact environnemental en privilégiant des matériaux naturels (liège, cuir d’ananas…) ou du plastique recyclé.

  • As tu des marques ou des sites web mode que tu souhaites partager pour que nous puissions passer du côté green de la force ?

Bien sûr !
L’un de mes templs favoris, c’est Etsy : pour le vintage & les articles créés à la main artisanalement.

Il y a aussi les petites marques qui fabriquent en France ou en Europe dans des pays frontaliers : Les récupérables, Lei 1984, Wanted Gina, Six Soeurs que j’adore… Et People Tree : une marque anglaise labellisée commerce équitable.
J’aime aussi beaucoup Bobochoses, une marque funky qui produit des vêtements en Espagne ou au Portugal et qui a créé tout un programme pour sensibiliser les enfants à l’environnement : http://wimamp.co/.

Et évidemment Patagonia pour la philosophie portée par Yvon Chouinard !

Pour le vegan, je suis une fan invétérée de Good Guys Don’t Wear Leather : des chaussures vraiment belle et de très bonne facture !

Quand je cherche un sac, je regarde du côté de Matt & nat : une marque de sacs dont une grande partie est faite à base de matériaux recyclés, notamment des bouteilles en plastique et depuis peu des pneus de vélo.

Dans la même veine, j’ai découvert récemment Wilo grâce à Shaker maker.

Et enfin, Avesu : un concept store qui vend notamment la marque de chaussures Bhava que j’aime beaucoup.

  • Quelle est la citation qui te motive et que tu aimerais partager ?

Je ne suis pas très citations, mais il y en a une qui m’a marquée récemment :

“la folie, c’est de refaire la même chose et d’en attendre un résultat différent” d’Albert Einstein.

J’aime l’idée de progrès, non pas au sens technologique du terme mais de la morale : questionner les choses sans cesse, repousser le frontières de “ce qui nous paraît normal” comme manger des animaux, fermer sa gueule quand on est une femme, faire du profit à tout prix… Pour tendre vers l’humain de demain, qui doit être plus éthique pour (sur)vivre !

J’aime aussi beaucoup cette notion de folie relative : qui est fou, finalement, dans le monde d’aujourd’hui ?

Camille  – @camille_thegreeneyes

www.thegreeneyes.fr

Qu’en pensez vous ? Toutes nos héroïnes green sont plus inspirantes les unes que les autres ! Il se dégage de tous ces témoignages et particulièrement dans celui de Camille une force et des convictions profondes qui j’espère sèmeront des graines… Laissez nous vos impressions et vos retours en commentaires. Hâte de vous lire !

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Cette publication a un commentaire

  1. Mathilde

    Merci Camille pour votre témoignage. C’est super de donner une deuxième vie à vos vêtements. Moi aussi je vais chercher une couturière dans mon quartier pour pouvoir faire la même chose. La marque de chaussures Veja est bien aussi. C’est vrai qu’il vaut mieux éviter toutes ces enseignes qui nous inondent de vêtements de qualité médiocre tant sur leurs matières que sur le plan environnemental.

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