La liste INCI : quels ingrédients privilégier pour un savon green ?

La liste INCI : quels ingrédients privilégier pour un savon green ?

Savon de Marseille, savon d’Alep, savon bio, certificat Ecocert, label Nature et Progrès, savon saponifié à froid, SAF, savon artisanal, savon surgras… Même si l’on veut bien faire et choisir un savon naturel et bon pour la peau, il est parfois difficile de s’y retrouver dans les différents labels présents sur les étiquettes de ces derniers. Une excellente méthode est d’apprendre à décrypter la composition et la liste des ingrédients INCI. Voici quelques conseils pour vous y retrouver plus facilement.

Que signifie le terme INCI ?

La liste INCI (International Nomenclature of Cosmetic Ingredients) ou « Nomenclature Internationale des Ingrédients Cosmétiques », a été mise au point au début des années 1970 afin de donner un nom unique aux ingrédients contenus dans les cosmétiques, et ce quel que soit la langue du pays de fabrication ou de vente.

Cela permet au consommateur de savoir ce qu’il y a réellement dans le produit, notamment pour les personnes allergiques. En Europe, cette nomenclature est obligatoire depuis 1998.

Les ingrédients sont listés dans un ordre décroissant : le premier ingrédient apparaissant dans la liste est donc celui dont la part est la plus importante dans le produit. En revanche, il n’est pas obligatoire de faire figurer la quantité exacte de cet ingrédient (cela permet aux fabricants de protéger leurs recettes). Cela ne garantit pas non plus la provenance des ingrédients (Bios ? Génétiquement modifiés ?).

Le principal inconvénient de cette règle de nommage réside dans le fait qu’elle emploie des noms latins parfaitement obscurs pour la plupart des consommateurs.

Les principes de la fabrication d’un savon

Savon solide saponification INCI
Savons solides

Comme nous vous l’avons présenté dans le secret de fabrication des savons solides, il existe deux manières de réaliser des savons : à froid ou à chaud.

Ces deux procédés reposent sur les mêmes ingrédients : un corps gras (de l’huile) que l’on mélange à un corps alcalin (de la soude). Il résulte de ce mélange une réaction chimique produisant du savon et de la glycérine (qui est hydratante pour la peau)

1- Les savons industriels saponifiés à chaud

La fabrication de savons « à chaud » est la méthode préférée des industriels car la chaleur va permettre de raccourcir le temps de repos (la cure) du savon d’environ un mois à… un jour !

Cette fabrication n’est néanmoins pas anodine car son impact environnemental est plus grand : consommation d’eau et d’énergie plus importante, choix de produits résistants mieux à la chaleur mais dont la production initiale n’est pas forcément très écologique (comme l’huile de palme par exemple) ou éthique (graisse animale).

De plus, en fin de fabrication, le savon est rincé à l’eau salée afin d’éliminer l’excédent de soude qui pourrait être nocif pour la peau. Mais cela élimine aussi la glycérine qui, elle, est bonne pour notre peau.

Ces savons industriels sont ensuite généralement réduits en copeaux, les bondillons.

2- Les savons semi-industriels

Ces bondillons sont ensuite utilisés pour être refondus afin de donner de nouveaux savons. C’est à cette étape que les fabricants ajoutent des ingrédients plus ou moins naturels : parfums de synthèse, colorants, etc. Les savonniers ne sont alors que de simples assembleurs et leurs savons sont estampillés artisanaux alors que seule la dernière partie (l’enrichissement d’une base industrielle avec d’autres ingrédients plus nobles) est éventuellement artisanale.

Les savons industriels sont donc de moins bonne qualité car les huiles chauffées à forte température se dégradent très vite. L’absence de glycérine va quant à elle assécher votre peau.

3- Les savons saponifiés à froid

Savon GreenMa Dream
Savon GreenMa (Dream)

Le savon saponifié à froid (ou SAF) nécessite quant à lui du temps. Une fois l’huile et la soude mélangées, il faudra laisser le processus chimique faire son œuvre durant un mois, à température ambiante. Les ingrédients ne sont pas chauffés et leur qualité n’est donc pas dégradée.

Les ingrédients additionnels (huiles végétales de surgraissage, colorations végétales, argile, huiles essentielles, etc.) sont ajoutés en début de réaction chimique (au moment où le mélange commence à refroidir – la trace) mais sont préservés tout au long de celle-ci.

La saponification étant une méthode lente se déroulant jusqu’à épuisement des ingrédients initiaux (huile et soude), il n’est pas nécessaire de laver le savon à la fin pour le débarrasser de la soude. Cela représente une économie d’eau réelle et le savon saponifié à froid conserve toute sa glycérine. Il n’assèche donc pas la peau comme un savon industriel.

Les fabricants artisanaux choisissent généralement d’enrichir leurs savons d’une huile végétale afin de le sur-graisser et d’obtenir un savon très nourrissant et protecteur pour la peau.

Une première façon de reconnaître facilement un savon artisanal saponifié à froid sera son coût, souvent plus élevé (et à juste titre) que ses homologues industriels. Une deuxième façon sera de vous reporter à la liste INCI des ingrédients de votre savon.

 

Gardez à l’esprit que plus cette liste est courte, mieux ce sera !

Savons GreenMa (Saponifiés à froid!)

Comment lire une liste INCI ?

Si l’on garde à l’esprit que le savon est le résultat de la rencontre entre :

  • un corps gras : mettons par exemple de l’huile d’olive (Sodium olivate) ;

  • de la soude (Sodium Chloride, Sodium hydroxide) ;

  • que cette soude a été dissoute dans de l’eau (Aqua) ;

  • et qu’il en résulte du savon et de la glycérine (Glycerin) ;

Alors les ingrédients INCI d’un savon artisanal simple seront : Sodium olivate, Aqua, Glycerin, sodium Chloride, Sodium hydroxide. Et c’est tout !

À noter une difficulté supplémentaire lorsque l’on s’intéresse à ce sujet : il existe deux façons de noter un même ingrédient chez les savonniers : on peut noter le nom de l’ingrédient avant le processus de saponification, ou après.

Certaines marques, par souci de transparence, choisissent également, comme c’est le cas chez GreenMa, d’ajouter à titre indicatif les noms en français. Ainsi, l’huile de coco pourra être notée de trois façons différentes :

  • Nom français : huile de coco.

  • Nom avant saponification : cocos nucifera oil.

  • Nom après saponification : sodium cocoate.

Les ingrédients à privilégier dans le choix de vos savons

Comment s’y retrouver ? Si l’huile d’olive est l’ingrédient phare du savon de Marseille, on utilise très souvent de l’huile de coco pour ses qualités moussantes ou de l’huile de palme, qui est bien moins chère.

Voici une liste non exhaustive des principales huiles végétales que vous pourrez rencontrer dans vos savons. Bien sûr, l’idée n’est pas que vous appreniez par cœur les noms alambiqués de tous ces ingrédients. Une méthode simple est donc de repérer le nom des deux premiers ingrédients de votre savon et de vérifier qu’ils appartiennent à cette liste :

  • Olea europaea fruit oil ou Sodium olivate : huile d’olive (que l’on retrouve dans le savon de Marseille ou dans nos savons Camelia ou Dream).

  • Cocos nucifera oil ou Sodium cocoate : Huile de coco

  • Laurus nobilis fruit oil ou Sodium laurate : Huile de baies de Laurier (savon d’Alep)

  • Butyrospermum parkii butter ou Sodium shea butterate : beurre de karité, que l’on trouve dans notre savon Beurre de karité et amande douce

  • Theobroma cacao seed butter ou Sodium Cocoa butterate : beurre de Cacao

  • Helianthus annuus seed oil ou Sodium sunflowerseedate : huile de tournesol (voir notre savon magic)

Quelques exemples d’ingrédients à éviter

En revanche, si vous trouvez les indications suivantes, il y a fort à parier que ce savon n’est pas saponifié à froid ou est fait à partir d’huiles bas de gamme :

  • Sodium palmate ou Sodium palm kernelate : huile de palme ou de noyaux de palme

  • Sodium tallowate (FR : tallowate de sodium) : il s’agit de graisse animale (chutes provenant généralement des abattoirs) qui est issu de graisse de boeuf. On peut également citer le sodium lardate issu, lui, de graisse de porc.

Mais aussi :

  • Sodium laureth sulfate : agent moussant que l’on retrouve dans un très (trop) grand nombre de cosmétiques et qui est irritant pour la peau

  • Tetrasodium EDTA : conservateur issue de la pétrochimie

  • Methylchloroisothiazolinone : la liste INCI s’allonge et les noms deviennent de plus en plus compliqués ? Il y a fort à parier que ce ne sont pas des ingrédients naturels ni vraiment bons pour votre peau !!

  • Parfum ou Fragrance : ce sont des parfums de synthèse. Ce terme générique regroupe plus d’une centaine d’ingrédients différents. Il est donc préférable de choisir des savons sans parfum ou qui auront été parfumés grâce aux huiles essentielles. Les indications Citral, Citronellol, Geraniol, Limonene et Linalool en fin de liste ne doivent pas vous effrayer. Ce sont des composants naturels des huiles essentielles. Leur mention est obligatoire afin de prévenir les personnes éventuellement allergiques.

Si vous avez le moindre doute ou souhaitez aller plus loin, n’hésitez pas à consulter des sites comme par exemple celui de la vérité sur les cosmétiques qui vous donneront de précieuses indications sur les ingrédients des savons et plus généralement des produits cosmétiques que vous souhaitez acheter.

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Cet article a 17 commentaires

  1. Nicolas

    Très bel article, j’ai toujours été très sensible dans le choix du savon avec lequel je me lave, en l’occurrence saponifié à froid avec le minimum d’ingrédient essentiellement bio (et surtout pas d’huile de palme). Merci pour cet éclaircissement…

  2. Nathan

    Petite coquille concernant les ingrédients à éviter. A la deuxième puce, il s’agit de sodium tallowate (FR : tallowate de sodium) qui est issu de graisse de boeuf. On peut également citer le sodium lardate issu, lui, de graisse de porc.
    Bàv.

    1. Camille Poncet

      Merci Nathan vous avez raison je modifie de ce pas ! Merci

  3. Amandine

    Article fantastique et providentiel! Simple et efficace! Je me lance! Je vais faire mes pains de savons et shampoings solides car ça commence à faire cher d’en acheter de bons tout prêts…

    1. Camille Poncet

      Hello Amandine ! Superbe démarche, on a hâte de voir vos savons/shampoings !!

  4. Anonyme

    Merci infiniment

    1. Camille Poncet

      Avec plaisir ! ☺️

  5. baptiste

    Super comme article,
    j’ai d’ailleurs découvert récemment Omeide une marque qui propose des coffrets pour faire son savon soi même. C’est bio, simple et écolo !!

    1. Camille de GreenMa

      Bonjour Baptiste, merci pour votre commentaire ! Je ne connaissais pas cette marque, c’est vrai que c’est une bonne idée 🙂

  6. Ellen

    Bonjour,

    Je ne comprends pas concernant le Sodium Tallowate.

    Vous dites qu’il est à éviter alors que le lien que vous donnez pour consulter la dangerosité des produits il est noté comme très bon (Deux bonhommes verts qui sourient)

    Alors je suis allée faire mes recherches et, voilà ce que dit Wikipédia (mais pas que) :

    “Le tallowate de sodium est le produit d’une réaction de saponification au cours de laquelle le corps gras utilisé (graisse bovine) est hydrolysé en présence de soude (ou de potasse). Étant donné que cette transformation chimique est totale et effectuée, en général, avec un large excès de soude, le savon obtenu ne contient pas de graisse bovine (qui a donc été entièrement transformée).”

    Alors je comprends pour les Végans, mais pour la dangerosité, ou “Produits à éviter pour la peau”… je ne comprends pas.

    Merci pour votre explication.

    1. Camille de GreenMa

      Bonjour Ellen,
      Merci pour votre commentaire ! En effet, il n’est pas forcément dangereux pour la santé. Nous préférons simplement l’éviter pour des raisons éthiques, aucune origine animale dans nos produits 🙂
      Bonne journée !

  7. steph

    Bonjour,
    je me permet de signaler un petite erreur concernant la soude, : le sodium chloride n’est pas de la soude mais du sel de table ! Si vous essayer de faire du savon avec ça , vous n’obtiendrez jamais du savon !

  8. nou cmb

    Bonjour,

    Merci pour cet article super interessant. Une question qui me tracasse : pourquoi est-ce qu’on dit en pharmacie que le syndet est super pour les peau à problème que le savon classique est iritant (car PH alcalin), etc, alors que finalement quand on regarde la composition des syndet, on se retrouve avec des produits industriels du SLS etc ?

    Je suis un peu perdue. Sinon très bel article. Merci beaucoup

  9. Mathieu

    Bonjour,

    je me renseigne fortement sur les savons solides depuis que j’ai décidé d’arrêter d’acheter les gels douches commerciaux. Cet article est très intéressant, je ferais un peu plus attention à ces appellations !

  10. Michèle Arthaud

    Grâce à cet article j’ai pu vérifier que les composants du savon en copeaux Marius Fabre que j’utilise pour confectionner ma lessive liquide étaient bons.
    Malheureusrment je ne vois nulle part son mode de fabrication. Contenant de la glycérine, je ne sais donc pas si celle-ci est toujours présente dans le produit fini.
    Pouvez-vous m’en dire plus ?
    Bien cordialement

    1. Camille de GreenMa

      En saponification à froid, la glycérine est produite naturellement. Je vous invite à vous rapprocher de Marius Fabre pour les questions concernant leur mode de fabrication et leurs produits.

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